District sous-terrain, cela fait déjà plus d'une heure que je traîne dans ce vieux couloir mal éclairé et qui pue la mort en attendant mon client, il n'est jamais bon de rester fixe dans ce district. Enfin cela peut encore passer pour le moment, la zone est assez empruntée, les risques sont minimes, du moins du point de vue du district sous-terrain bien entendu. J'en ai marre … pourquoi il me fait poireauter comme ça ? J'aurais sans doute dû me barrer mais c'est un cas particulier, un client vraiment régulier que je ne peux ignorer, je ne peux pas cracher sur tout l'argent qu'il me rapporte. En attendant j'observe les alentours, quittant un peu le couloir pour me rapprocher d'une passerelle laissant percevoir le district de haut en bas. L'endroit est brumeux, salle, malodorant mais en même temps … tellement impressionnant ! Cet endroit censé être la prisons des parias de la flotte a depuis acquis une telle vie, dans les chaleurs des retours des aérations et ce brouhaha incessant s'est formé une communauté haute en couleur que je ne peux m'empêcher d'observer chaque jour, retenant chacun des détails via une mémoire photographique.

Bien sûr c'est risqué, rien que maintenant quelqu'un pourrait m'attraper et me soulever juste assez pour me faire faire un beau vol plané, mais ici … ici je suis libre, libre d'être qui je veux et libre d'être seul, loin de ce monstre qui m'a tout prit … Monstre … bien sûr si vous deviez rencontrer mon paternel, car oui c'est de lui que je parle, vous verriez sans doute un homme bon bien que terriblement déprimé, mais … sur une décision injuste il m'a privé de la seule personne que j'aimais plus que tout au monde, par une macabre logique il m'a empêché de sauver celui à qui je tenais comme la prunelle de mes yeux. Mes yeux commencent à s'humidifier quand une voix prononçant mon nom se fait entendre, me sortant de mes pensées.

« Rili ? »

Je me retourne et tombe nez à nez avec un personnage vraiment étrange. Un mec, la trentaine et pourtant le cheveux déjà grisonnant, squelettique à la limite de l'anorexie,, la peau blanche, les yeux creux aux bords violacés et tremblotant comme un possédé. C'est lui, mon fameux client. Chaque fois que je le vois je ne peux m'empêcher un sourcil, me demandant comment cette épave peut encore tenir debout. Et pourtant il est là, me demandant rien qu'avec son regard suppliant si j'ai ce dont pourquoi il m'a fait venir et surtout patienter autant de temps. Je lui fait un léger signe de la tête pour lui faire comprendre que l'on va aller ailleurs, qu'ici il y a trop de monde, pour finalement commencer à marcher suivit de près par ce mec. Au final je trouvais une petite alcôve qui nous cachait des regard et assez sombre, bien qu'étroite, l'obligeant un peu à me coller.

« Avec toi je peux toujours être sûr de ne jamais être déçu ! »
« Ta gueule … » Je descend alors ma main au niveau de mon pantalon, ouvrant ce dernier et … sortant un paquet de petite taille de mon caleçon ! Bah oui, que voulez vous, au final ça reste la meilleur cachette ! « Voila pour toi, une commande spéciale, comme tu l'avais demandé. » Il approcha avidement sa main du petit paquet qui contenait de quoi défoncer encore plus son corps et j'eus un mouvement de recul immédiat, l'empêchant de l'attraper. « Pour qui tu me prend ? D'abord l'argent, tu le sais bien. » Il me passa ce qu'il me devait en crédit et attrapa enfin le paquet que je lui cédait bien volontiers, ayant à mon goût dû transporter ce colis trop longtemps. Il me fit alors un immense sourire avec ses dents jaunes et défoncées avant de glisser sa main sur ma joue et de vouloir lentement descendre.
« Que dirais-tu de te faire un peu plus cette fois ? » immédiatement j'attrape sa main fermement, lui faisant mal, je le vois à ses yeux.
« Pas de ce pain là avec moi tu le sais très bien. Et je te déconseille de tenter quoi que ce soit, tu sais qui m'emploie … Maintenant tire toi. »

Et sans plus tarder il se barrait comme un animal apeuré alors que je refermais mon pantalon. En vrai il ne savait même pas pour qui je travaillais, mais je laissais assez planer de doute pour qu'il croit vraiment courir un danger si il devait lever la main contre moi. Mais au final j'étais mon propre patron, un simple voleur à la tire qui pouvait récupérer quasiment tout ce qu'on pouvait lui demander. Mais pour ma propre sécurité il était préférable que je me fasse passer pour un coursier avec des relations. Même si bien entendu il m'arrivait de dealer pour d'autres et là il y avait de quoi avoir peur, comme dans ce cas précis. Après … j'avais peut être refusé ses avances mais je n'étais pas totalement fermé à cela, après tout c'était de l'argent facile pour survivre ici mais n'étant pas vraiment non plus en recherche absolue de cela je pouvait trier si jamais la personne ne me plaisait pas en face et là … c'était vraiment malsain ! Je quittais donc ma cachette et rentrait calmement chez moi, le pas rapide ici étant généralement le premier élément poussant à vous faire suivre car les autres pouvaient ainsi penser que vous aviez quelque chose à cacher, quelque chose de valeur.

J'arrive enfin dans ce qui me sert d'appartement, une espèce de petite case vraiment pas grande, étouffante et oppressante. J'ai vraiment dû me démener pour trouver cet endroit où je pouvais être seul et pas entassé avec d'autres, même si au final c'était avec moi même que j'étais entassé, ayant juste assez d'espace pour un matelas et une petite cuisine de fortune faites avec des ustensiles trouvés ici et là. C'était quasiment invivable en plus d'être insalubre et dangereux à cause de la fréquentation alentours et pourtant … c'est ici que je me sentais vraiment bien, pas dans mes réels quartiers. Car oui, je n'étais pas un atride, j'avais aucune raison valable de me trouver dans le district sous-terrain hormis ce que de nombreuse personnes appellerait un caprice dû à un esprit rebelle en rapport à une crise d'adolescence. Mon père, aussi immonde soit-il à mes yeux, était un militaire, assez haut gradé et qui avait eut la chance de rejoindre le Cerberus en proposant ses services. De ce fait il avait eut le droit à un quartier familiale, assez spacieux pour un vaisseau diront nous bien que spartiate. Là bas j'aurais vraiment pu tout avoir, protection, rations, soins et surtout hygiène avec pour m'emmerder que des militaires et des familles de militaires. Seulement la relation que j'avais avec mon père ne faisait que se dégrader de jour en jour, je ne supportais plus sa présence, je ne supportais plus sa voix, ce n'était au final que disputes incessantes qui nous rongeaient tous deux de l'intérieur. Alors au final je pris régulièrement la fuite sur le Taurus, y restant autant que possible afin de l'éviter pour ne rentrer que pour dormir. Et un jour … je ne revins pas, si ce n'est à de très rares occasions. Si mon père était au début très inquiet, il finit par se résigner, il pourrait pas me garder et ne s'attendait plus trop à me revoir à moins d’extrême nécessité. Et c'est ainsi que j'avais fini ici, avec les atrides. Après pourquoi ici plutôt qu'ailleurs ? Car ici je pouvais être tout l'inverse de celui que je haïssais comme jamais, un brigand, un dealer mais surtout … un anonyme.

Seulement ce petit jeu allait se retourner contre moi, ma double vie … car ce dont je ne me rendais pas compte, c'était qu'en essayant si fortement d'oublier ma vie passé, je m'en créais une de toute pièce qui n'était pas compatible. Alors autant pour le moment je pouvais encore jongler avec les deux, mais viendrait forcément le jour où je devrais faire un choix et ce jour là … disons que la décision ne serait clairement pas facile, car moi qui pensais ne rien avoir je serais confronté à de nouvelle pertes. Mais pour le moment je n'y pensais pas, commençant simplement à m'endormir sur ma petite couchette.