« Les Spencer sont riches depuis l’invention du four à micro-onde, en effet ce fut un Spencer qui inventa cette machine révolutionnaire. À croire que la science coule dans leur sang, la famille Spencer eut plusieurs scientifiques. C’est en 2080 que « Spencer Industries » vit le jour, créé par le grand-père d’Olivia. C’est en 2110 que succéda Connor Spencer à la tête de l’entreprise et deux ans plus tard naquit Olivia de l’union de Connor et de sa femme Elizabeth, une chirurgienne d’origine anglaise. »
Sérieusement, Wikipédia a vraiment besoin de changer. Si vous voulez mon histoire, pourquoi pas me la demander directement ? Vous la voulez courte ? Je m’appelle Olivia Spencer, j’ai 27 ans et j’ai un doctorat en biochimie. Bon d’accord, je vois bien que vous voulez la version longue. Vous allez l’avoir.

Je suis né en plein milieu du mois de juillet 2112 et comme vous l’avez lu plus haut, mes parents sont tout deux scientifique et vu leur métier ils n’avaient pas beaucoup de temps pour un bambin. Mais ça c’est des conneries. Mon père a pris un congé parental pour s’occuper de moi mais en tant que chef d’entreprise, le congé parental n’était pas aussi total que ça. Il devait toujours gérer un minimum son entreprise et donc il travaillait à la maison. Je ne peux dire si c’est parce que mon père est le premier à s’être occupé de moi ou non mais j’ai toujours été beaucoup plus proche de mon père que de ma mère. J’ai pris mon temps avant de commencer à marcher mais dès que j’ai commencé, je ne me suis pas arrêté et j’ai couru d’ailleurs. Par contre j’ai appris à parler vite et je suis sûr que je peux vous faire deviner quel mot j’ai dis en premier. Vous voulez vraiment savoir ? « Papa » bien sûr.

Alors que je faisais mes premiers pas à l’école, ma mère avait bien grossi et du haut de mes trois ans je ne comprenais pas pourquoi vu qu’elle ne mangeait pas tant que ça. Et pis cette histoire de graine du papa dans le ventre de la maman était vachement étrange. Vous l’avez compris, je suis passée du statut d’enfant unique à grande sœur quand j’avais trois ans. Et qu’est-ce-que ça pleure un bébé.

J’ai appris à lire avant d’entrer à l’école primaire. Mon père me lisait tout les soirs un chapitre et j’essayais de comprendre comment il déchiffrait tout ce charabia. J’ai réussi durant un chapitre d’Harry Potter, un vrai classique de la littérature britannique, et après cela c’est moi qui lisait le chapitre (enfin seulement un bout et après mon père continuait). Vous pouvez donc comprendre que je m’ennuyais en primaire. Tandis que les autres apprenaient à lire, je le savais déjà. Au moins je me suis perfectionnée et j’ai passé plus de temps sur les sciences. Et croyez-moi, j’en ai passé du temps sur les sciences.  Ma maîtresse croyait que j’étais une feignante stupide. Elle a bien eu tort et mon père fut bien content de lui prouver que c’était elle l’incompétente pour me punir tout simplement parce que j’étais trop rapide. Et avec toute la maturité d’une gamine, je lui ai tiré la langue le dernier jour d’école.

L’école a donc toujours été simple pour moi – enfin si on retire le sport et les arts parce que j’avoue être une nullité incroyable sur ces sujets. Mon frère n’avait pas les même facilités et il n’aimait pas que je sois la préférée de papa (qui le niait et le nie toujours) mais il était le préféré de maman (elle avait pris cette fois le congé parental).

Le collège … vous voulez aussi que j’en parle ? Bon très bien mais à vrai dire il n’y a qu’une seule chose d’intéressante. Et ce n’est pas durant le collège à proprement parlé. Mon père travaillait de plus en plus à la maison et je squattais son laboratoire. Alors bon je ne pouvais pas vraiment l’aider mais j’ai appris tellement de chose. Je me suis aussi brûlée la main, une petite cicatrice est encore visible d’ailleurs, en mélangeant deux liquides qui ne vont vraiment pas ensemble. Et c’est pour ça qu’on met l’acide dans l’eau et non l’eau dans l’acide. Je me suis aussi rapprochée de mon frère, le petit vaurien pour être polie était bien plus supportable qu’avant mon entrée au collège.

Ah le lycée … je dois vous parler de Julian, mon petit ami. On dit qui se ressemble s’assemble mais on dit aussi que les opposés s’attirent donc tout le monde attire tout le monde en gros. C’est quoi le rapport ? On s’est connu grâce à sa sœur qui est une amie – on se ressemble on adore toutes les deux la science – et lui c’était un sportif donc mon opposé. Ses abdos ont quand même beaucoup aidé. Je l’ai torse nu souvent. Très souvent. Et j’adorais ça. On a fini par s’embrasser après une engueulade – comme quoi la colère amplifie la tension sexuelle. Il était un an plus vieux que moi mais j’avais sauté une classe au collège du coup on était dans la même année bien que tout mes cours soient des avancés. S’il y a bien un moment que j’aimerais oublier c’est bel et bien arrivé durant mes années lycée. Assise sur Julian, mes mains sur ses épaules, je bougeais de haut en bas sur lui. Vous comprenez donc qu’on était nus et en train de faire l’amour. Ma mère est entrée dans ma chambre sans frapper avant. Moment embarrassant numéro un de ma vie. Autant dire qu’on n’était plus dans l’ambiance après ça. C’était aussi le soir où je présentais Julian à mon père. Je n’ai jamais vu mon père aussi froid avec quelqu’un. J’ai aussi eu le droit à une nouvelle conversation très gênante sur le sexe. Oui, papa, je sais qu’il faut mettre une capote et tu ne le savais pas encore mais je prenais déjà la pilule et non Julian ne m’a pas forcée (mais alors pas du tout). Je suis restée avec Julian jusqu’à la fin du lycée, on était amoureux mais on (enfin je surtout) était lucide et une relation à distance ne fonctionnerait pas. J’étais admise à Harvard et lui dans une université à l’autre bout du pays grâce à une bourse sportive.

L’université. Là je me suis éclatée ! Enfin des cours qui présentent un minimum de challenge pour moi. J’ai eu bien du mal à me spécialiser dans un domaine – la science était tellement vaste – mais j’ai réussi à trouver mon bonheur dans la biochimie. J’ai travaillé durement pour réussir et je me suis retrouvée première de ma promotion. Je peux vous dire que j’ai été extrêmement fière. Je n’avais pas beaucoup vu ma famille durant cette période, mais je restais en contact avec eux évidemment, on s’envoyait de nombreux messages. J’ai aussi fait la connaissance d’une petite amie de mon frère et je peux vous dire que c’était une pute. Non, sérieusement, elle travaillait réellement en tant que prostituée (et elle avait un sale caractère) mais j’ai bien compris pourquoi mon frère est resté avec elle (devinez ? Le sexe était génial. Comment je le sais ? Il me l’a dit).C’est aussi cette année là que la Terre a connu une catastrophe naturelle qui n’était que le commencement : une pluie de météorite.

Icare m’avait repérée. La plus grande société mondiale en science m’avait repérée ! Il me voulait. Un stage m’a été offert et j’ai sauté sur l’occasion. Le travail était plus difficile que je ne l’avais anticipé mais aussi meilleur. J’ai adoré. Un été entier a travaillé chez Icare m’a convaincu que je voulais travailler là-bas. J’ai passé mon master et grâce à de nombreuses nuits blanches encore une fois première de ma promotion. J’ai voulu tout donner et j’ai réussi.

Je travaille donc pour Icare depuis mes 23 ans et en parallèle je faisais mon doctorat. Mes journées se résumaient à travailler, étudier, dormir (un peu) et manger. J’ai dû prendre dix ans en deux ans. Bon après je ne dis pas que ça n’en valait pas la peine mais je n’avais pas de vie. Je n’ai pas eu de petit ami depuis le lycée et je dois dire que ça me manque. Alors durant une année, on peut dire que j’ai rattrapé le temps perdu si vous voyez ce que je veux dire.

L’annonce faite par Icare sur la pluie de météorite destructrice m’a bien fait peur mais quand j’ai appris que les employés avaient une place sur le vaisseau je me suis sentie mieux. Avant d’avoir peur à nouveau pour ma famille. Et à nouveau soulagé quand j’ai su qu’ils avaient des tickets. Un vrai moment de montagne russe émotionnel.

J’ai donc embarquée sereine, sachant que ma famille serait aussi protégée et espérant le meilleur pour les autres. La vie dans l’espace est … différente. Et je sens la pression. Mon travail est non seulement important mais vital. On doit absolument trouver un moyen sur le très long terme pour l’oxygène parce que sans oxygène on est tous mort. Je me suis plutôt bien habituée à la vie dans le Centaurus et j’adore encore plus qu’avant mon travail même si je suis frustrée par moment quand le projet stagne pendant trop longtemps, la moindre petite avancée me redonne espoir cependant. Je demande parfois conseil à mon père, partageant certaine information avec lui (je sais que je ne devrais pas mais on a besoin de toute l’aide possible).

Quand la guerre civile a eu lieu, je me suis cachée. Je ne suis pas une combattante. Je ne sais pas me battre et j’ai plus de chance de me tuer toute seule que de tuer quelqu’un.  La discrétion n’a jamais été mon fort donc autant dire que j’ai vu ma vie défilée à plusieurs reprises pour pas grand-chose. J’ai encore une fois dû prendre dix ans mais cette fois en l’espace de quelques mois. J’ai été la femme la plus heureuse du monde – enfin de la flotte – quand la guerre fut terminée et je ne remercierai jamais assez Herbert Walsh (bon il a un prénom débile mais on ne peut pas être parfait). J’ai d’ailleurs voté pour lui. Ah mince, c’est censé être anonyme un vote … bon alors oubliez ce que je viens de vous dire.

La vie a repris son cours désormais, j’essaye de revivre comme avant la guerre civile et je réussis plutôt bien.

Vous en voulez encore plus ? Alors suivez moi et mes aventures.