ces étiquettes qui ne s'arrachent pas ▬ Lazlo



 
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 ces étiquettes qui ne s'arrachent pas ▬ Lazlo

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Nür al-Sahid
Nür al-Sahid
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MessageSujet: ces étiquettes qui ne s'arrachent pas ▬ Lazlo   ces étiquettes qui ne s'arrachent pas ▬ Lazlo Empty28.10.14 13:59

Nür vérifia une nouvelle fois si sa boite à outils était bien fermée, tandis que l’ascenseur traversait les différents niveaux de Taurus, pour arriver à l’entrée la plus proche du district souterrain. L’émirienne n’en avait que faire de devoir traverser le territoire des Atrides. Elle avait du mal à concevoir la notion de danger, que les politiciens tentaient de donner au bas-fond de la station spatiale. Oui, il y avait des criminelles, des personnes violentes, des dangers pour le bien commun. Mais Nür ne pouvait s’empêcher de penser aux personnes qu’elle connaissait, qui avaient fini comme les rébus du reste de l’humanité. Certes, les entrepôts aménagés manquaient cruellement d’hygiène et elle était persuadée que beaucoup étaient à l’origine des problèmes de dysfonctionnements qui apparaissaient dans les installations du district souterrain. Il y avait quelques jours, elle avait retrouvé un condensateur en parfait état, sur le marché noir. Autant dire que le vendeur ne songera plus jamais à détacher des morceaux de Taurus pour les vendre aux plus intéressés, à l’avenir.

Les Atrides, aux yeux de Nür, n’était qu’un mélange d’une population malchanceuse, portant quelques tares de la société avec eux. Alors, elle avait appris à se méfier des vol à la tire, des offres louches et des hommes qui la plaqueraient bien dans un coin pour lui régler son compte – qu’importe le compte dont il s’agissait. Elle évitait de se concentrer sur la misère, à laquelle elle ne pouvait rien faire, à part compatir, pour se cloisonner à sa tâche : réparer ce brave Taurus. C’était la raison pour laquelle elle passait un des rares points de sécurité encore présent, levant son badge sans plus de cérémonie, doutant fortement qu’un garde prêterait réellement attention à ce qu’elle emportait avec elle. Ils avaient essayé les premiers jours, puis une bagarre avait éclaté non loin, et Nür avait profité pour filer. Elle avait autre chose à faire que de regarder des anciens d’Icare s’interroger sur l’utilité de ses outils.

Bref, l’odeur insupportable du district l’accueillit, accentuant le sentiment familier. Elle n’était pas mal à l’aise. Etrangement, elle n’arrivait pas, à ne pas se sentir à sa place, sur Taurus, ou sur n’importe quel autre bâtiment de la flotte. Tant qu’il y avait une coque de métal qui l’entourait, Nür ne pouvait qu’être bien – quoiqu’un peu sur ses gardes, ici. Alors, pénétrant dans la masse humaine des Atrides, repositionnant la sangle de sa grande boite sur son épaule, elle se faufila, évitant de marcher sur les pieds des mauvaises personnes. Finalement, après s’être trompée de couloir, elle arriva devant le bon espace confiné, lui aussi surpeuplé. La noiraude poussa un soupir, en détaillant les couchettes de fortune installées, pile devant la bouche de ventilation dans laquelle elle devait se faufiler.

Les fins psychologues prétendaient que l’homme avait une capacité d’adaptation à toute épreuve. Nür avait la nette impression que c’était faux, surtout quand l’espèce humaine, après avoir vécu les pires mois de son existence, arrivait à se procurer un semblant de confort. Sans cérémonie, l’ingénieur mécanique déposa sa lourde boite sur le sol, percevant les vibrations du métal à travers ses chaussures de sécurité. Elle éleva la voix, pour être sûre de bien se faire entendre. « Service d’entretien de la flotte. Je dois vous demander de libérer l’accès le temps des réparations. » Eh bien entendu, il suffisait de cette seule déclaration pour lancer un brouhaha, de ces exilés de l’espace qui ne voulait pas bouger, s’insurgeant contre le système, qui les avait ‘déjà opprimé comme si les mettre dans ce trou à rat n’était pas suffisant’. Il y eut d’autres protestations, à laquelle Nür avait appris à ne pas s’en inquiéter, du moment que l’accès était libéré. Elle avait juste besoin d’être patiente.

Bien entendu, ce ne fut pas sans compter contre un imbécile de première, trop musclé pour son propre bien – le sang devait faillir à monter jusque son cerveau. « Et pourquoi on vous obéirait ? Votre combi, là, c’est un truc d’Icare. On obéit pas à ces salauds qui nous ont enfermés ici. » Nür fit de son mieux pour garder son calme, habituée aux réticences. « Je ne fais que mon boulot. Alors, si tu pouvais bouger, ça m’arrangerait. » Son accent arabe accentua les mauvaises syllabes, mais elle n’y prêtait pas attention, se penchant déjà vers sa boite à outil pour prendre la visseuse électrique. Qui fut très certainement perçu comme un acte de défi, puisque la brute du jour donna un coup de pied dans l’épaule de Nür pour la faire tomber au sol. Elle toussa, prise par surprise, outils se renversant sur le sol, alors qu’elle pestait contre l’abruti, qui s’emparait de sa plus belle clé à molette comme arme.
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Lazlo Horvath
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MessageSujet: Re: ces étiquettes qui ne s'arrachent pas ▬ Lazlo   ces étiquettes qui ne s'arrachent pas ▬ Lazlo Empty28.10.14 17:06

Lazlo abat ses cartes, la lippe vaguement déformée d'un rictus. « C'est pas possible, qu'on souffle de l'autre côté d'une caisse de stockage, qui vient à leur servir de table. » « Il triche, s'efforce de constater le troisième des comparses. » Ils soupirent, s'écartent un peu et se détournent le regard, tandis que le hongrois pille les rations alimentaires, disposées à mi chemin de chacun. Il les fourre aussitôt dans une besace, rejetée à ses pieds ; il peut sentir le cuir contre sa cheville, alourdi par sa prise. « Soyez bons perdants, lâche le hongrois. La chance, ça tourne. » « La tienne ne tourne pas tant que ça. » Lazlo ne les voit plus. Le visage baissé, il efface un sourire et dégage sa ceinture, où luit l'éternel cran d'arrêt dont la lame ne rentre plus dans sa cage de plastique. « J'ai toujours détesté les western, fait-il en battant le bristol. Ça donne l'impression, totalement absurde, que tout peut vraiment partir en vrille... pour un jeu. » Il lève les yeux vers eux, et son air en est parfaitement transformé. « Je veux dire, qu'il les scrute tour à tour, comme si ça viendrait à l'idée de traiter le type le plus dangereux des alentours de tricheur... 'voyez ? » D'un geste machinal, il distribue. « Je déteste les western, qu'il répète. On a tendances à y mourir un peu trop facilement... »

Il fait un détour par le bloc qu'occupe Damara. Il y abandonne l'ensemble de ses gains, sous les yeux spectateurs de la jeune femme. Elle ne l'interroge plus depuis longtemps sur la provenance de ses prises. Elle sait seulement qu'il n'a pas besoin de les voler – et, quand même bien le ferait-il, elle ne s'en donnerait pas un devoir de conscience. Elle l'observe simplement, dissimuler chaque unité à des endroits épars connus d'eux seuls. Il n'en est qu'une qu'il lui dépose entre les mains, et cela sans lui adresser un mot. Lazlo pourvoie à tout ce qu'elle souhaite, et mieux encore à ce dont elle aurait besoin. Alors elle ne le remercie plus, elle se contente seulement du contact de ses doigts contre sa paume, et elle le retient l'espace de quelques secondes. Il ne lui sourit pas, pas même de son air carnassier. Il accomplit simplement le rituel, le leur, sans plus avoir à s'attarder. Il est seulement possible qu'il ne revienne jamais, comme à chaque fois. Comme cela arrive chaque jour, tout le temps, partout, dans le district souterrain.

On le laisse passer à chaque fois. Contrairement à l'idée, d'un chaos général, que doivent s'imaginer les occupants des étages supérieurs, les bas-fonds du Taurus sont gouvernés par une fine hiérarchie, par un contrôle systématique des territoires, par les yeux avisés des plus puissants de tous les atrides. Souvent auto proclamés, ils n'en sont pas moins respectés, et obéis des autres. L'on assiste aisément à des renversements de pouvoir, mais la logique retient tout de même qu'un tyran n'est guère remplaçable que par un autre. L'antichambre de l'Enfer n'est peut-être qu'une meute, mais une meute est dominée. Et c'est ce qui suffit encore à l'existence d'un semblant d'Ordre dans le Néant.
On ne l'ennuie pas. On ne s'attarde pas non plus sur lui. Lazlo déambule dans les couloirs et fend les blocs les uns après les autres. Il s'égare simplement, selon un itinéaire éculé. C'est la tournée qu'il entreprend chaque jour, sans s'éloigner, jamais, de ses habitudes. Si on le salue parfois, ce n'est que par habitude. Et tout est calme, ainsi, parfaitement rodé. Il n'y a que les éclats coutumiers, inhérents à la race des atrides. Des cris. Des coups. Comme l'on fait et défait les hommes et femmes aux quatre coins de ce cloaque. A l'exception près de cette fille. Celle que Lazlo, à l'instar de tous les autres, voit s'écrouler contre le sol brutal, violemment abattue par la masse de son assaillant.

« Repose ça. » Le hongrois a lâché la besace sur le sol. « C'est une Icare, se défend l'homme à la clé à molette. » Il l'a déjà levée au-dessus de sa tête, mais son bras se retient puisque ses yeux doivent soutenir ceux de Lazlo. « Elle le mérite, qu'il continue en grognant. » Parce qu'il existe un droit, un droit à tuer, sinon à meurtrir et blesser, les étrangers qui oseraient s'aventurer en-bas. Un droit de revanche, et parfois de Justice. Lazlo ne l'ignore pas – il en est même l'audacieux partisan lorsque ses pensées s'assombrissent. Mais cette fille-là... cette fille. Alors il lève lentement le tissu qui lui couvre le ventre, et décline l'affreuse cicatrice qui lui cisaille la peau. « Tu vas me tuer, moi aussi ? qu'il demande avec détachement. » L'autre hésite avec évidence. Il le jauge, dévie le regard chaque fois qu'il est forcé de voir les lettres rougies qui trônent à peu de la ceinture. Il cherche bien de l'approbation parmi ses pairs, répandus tout autour, mais on ne lui oppose que du silence. « Repose ça, serine alors Lazlo d'une voix égale. Maintenant. »
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Nür al-Sahid
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MessageSujet: Re: ces étiquettes qui ne s'arrachent pas ▬ Lazlo   ces étiquettes qui ne s'arrachent pas ▬ Lazlo Empty28.10.14 20:34

Il y avait cette douleur, qui lui alourdissait l’épaule, tandis que Nür se retrouvait tête la première sur le sol. Elle sentait le goût de métal. Pas celui du sang, non, elle n’en avait pas en bouche. C’était l’alliance des différents composants qui constituaient le sol, comme si elle pouvait sentir, goûter, les plaques de métal, ne faisant qu’un avec l’impression froide du Taurus, écrasée ainsi dans ses bas-fond. Ce ne fut qu’un bref moment d’égarement. Son cœur aurait dû s’emballer, et elle était persuadée qu’il battait sa cage thoracique. Mais elle n’y prêtait pas attention, Nür, analysant les mouvements de la brute de première, qui la menaçait de son plus bel outil. Elle grimaça, serra les dents, en un premier temps s’apprêtant à recevoir un coup, qu’elle devinerait, lui briserait le bras, où n’importe quel os qui accuserait le coup. Et elle retenait sa respiration, elle-même prête à frapper. Un coup de pied, dans le tibia de ce chauve devrait l’aider à s’en sortir. Il était hors de question qu’elle soit la victime d’un pugilat. Nür survivrait.

En réalité, le mal n’eut pas le temps d’arriver, qu’un homme s’interposait. Elle battit des cils, se recentrant sur la réalité, se demandant si elle avait déjà été frappée, pour divaguer à ce point. Mais non. Quelqu’un s’interposait. Nür en profitant pour se redresser un peu plus, le cul toujours collé au sol, ne voulant pas intervenir dans l’échange qui se déroulant juste en face d’elle, pour son propre bien. Elle se pencha sur le côté, quand elle reconnut la voix du tierce inconnu, qui n’en était pas un. Lazlo. Elle échappa un bref soupir, sa main se posant sur son épaule, qu’elle massait en une grimace. C’était un semblant de soulagement, qu’elle ressentait au fond d’elle, qu’elle aurait pleinement apprécié, si la situation n’était pas aux retrouvailles. De tous les hommes avec lesquels elle avait interagis dans le foutoir qu’avait été la guerre civile, c’était bien l’un des rares pour lequel elle avait de la considération, du respect même. Parce qu’il l’avait déjà sauvé, et qu’elle le faisait encore, aujourd’hui.

Nür plissa les sourcils, tentant de voir ce que Lazlo montrait à la brute en puissance, dont le bras diminuait dans son ampleur, face au doute de l’interposition. Mais l’arabe ne vit rien et elle resta dans le flou, spectatrice muette de son propre sauvetage. Mais il était hors de question qu’elle savoure son rôle de demoiselle en détresse. Nür ne mangeait pas de ce pain-là. Ce n’était pas comme ça qu’elle avait été élevée, ce n’était pas comme ça qu’elle ferait de vieux os dans la flotte. Alors, lentement, elle se redressa, sa main se détachant de son épaule, supplantant l’illusion qu’elle n’avait rien, alors que les muscles grinçaient sous la surface de sa peau. Elle passa à côté de Lazlo, sans lui adresser un regard, ses yeux noirs vifs, brulant, arrêtés sur l’idiot qui avait osé la blesser. Nür n’était pas douée pour les contacts humains. Mais ce qu’elle savait, tout autant que les autres, c’était que l’humiliation n’était jamais la solution.

Alors, elle tendit sa main vers l’homme qui l’avait battu, attendant qu’il lui rende son bien, avec lequel il l’aurait tabassé à mort, si ça n’avait pas été pour l’entrée en scène de Lazlo – Allah, elle ne lui en serait jamais assez reconnaissante. Elle inspira. « S’il-te-plait. » Ce n’était pas une supplique. C’était de l’autorité contrôlée. Récupérer son bien et faire comme si rien ne s’était passé. C’était ce qu’il y avait de mieux, pour tous. Elle ne cilla pas une seule seconde et quand, finalement, sa paume rencontra la matière froide la clé, elle esquissa un hochement de tête. Puis, les doigts fermés sur l’objet, elle se retourna vers Lazlo, un sourire de sale gosse sur les lèvres, comme si elle n’avait pas frôlé le lynchage public. « Je suis tellement heureuse que tu sois pas mort. Pas que je le pensais, mais on sait jamais. » Le hongrois faisait partie de ces procès, qu’elle avait suivi, et pour lesquels elle avait écouté, la boule au ventre, le verdict des jugements. Elle ne connaissait pas exactement Lazlo et les circonstances de leurs échanges étaient particulières. Elle ne savait pas s’il était vraiment un criminel – bon, elle pouvait le dire, il avait la dégaine – mais il l’avait sauvé, à deux reprises maintenant, et pour ça, franchement, elle ne pouvait pas le voir comme une menace. « Merci. »  Merci pour tout. Merci pour être resté en vie. Merci pour être intervenu. Mais fallait pas le dire. C’était mieux silencieux, ça.
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Lazlo Horvath
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MessageSujet: Re: ces étiquettes qui ne s'arrachent pas ▬ Lazlo   ces étiquettes qui ne s'arrachent pas ▬ Lazlo Empty29.10.14 21:51

Tout le temps qu'il ignore s'il va être obéi, Lazlo s'efforce de ne pas la regarder. Il ne peut pas départager ses sentiments que cette apparition exhument. Alors il les refoule, aussi longtemps qu'il le peut. Et ne pas la voir, l'exclure de son champ de vision, est d'une facilité déconcertante face aux iris que l'atride lui opposent. Il hésite si puissamment, on dirait qu'il vacille, qu'il s'apprête à tomber. Les doigts sont déjà plus lâches, dans leur prise. Et le poignet s'affaisse un peu. Enfin, il daigne baisse le regard et tout son bras retombe. Une vague d'inspiration se répand alentours, et l'on commence à s'éloigner, l'on finit de s'exécuter, de déguerpir dans les tréfonds du district. Il ne reste bientôt plus que les trois protagonistes, dont les silences s'affrontent et se ricochent. Il n'y a que la ventilation, qui vrombit et accompagne la relevée. Elle dépasse le hongrois sans un regard – et, quelque part, ça le glace aux entrailles. Mais il n'a plus qu'à observer la scène, l'échange de la main à la main. Et le type s'échappe à son tour, sans un regard non plus. Voilà, maintenant ils sont seuls. Maintenant il n'a plus d'autre choix que de la voir, que de la regarder.

Elle lui offre un sourire auquel il ne s'attend pas. « Je suis tellement heureuse que tu sois pas mort. » Sans comprendre réellement pourquoi, Lazlo s'offusque en silence. Elle se dit heureuse, tellement heureuse, toute engoncée qu'elle est dans un uniforme au nom d'Icare. Ce n'est, certes, qu'une formule, un simple agencement de mots, mais ça le laisse perplexe, lui, le devenu atride. « Pas que je le pensais, mais on sait jamais. » « On sait jamais, qu'il confirme d'un hochement de la tête. » Il a déjà connu cent occasions de mourir, mais ça ne le touche plus vraiment. Dans le district sous-terrain, d'abord, on la redoute, cette mort qui flotte dans tous les blocs. Elle empêche de dormir, les premières nuits. Mais c'est dans l'eau, dans les maigres rations et même jusque dans l'air. C'est partout. Alors on s'habitue, jusqu'à l'accoutumance. Ça vous pénètre de part en part, ça fait partie de vous. Et, finalement, on n'a plus jamais peur. « Merci. » Rien qu'un instant, il a oublié qu'elle est là, et ce qu'il vient de se passer, ce qu'il vient de faire. Alors il est à froncer les sourcils. « Y'a pas de quoi, lâche-t-il, laconique. » Et il lui tourne déjà le dos. Il est déjà parti. Ou, du moins, seulement pour moitié.

Car, sans avoir à y songer, il est déjà revenu à elle, le visage balafré d'une expression totale hébétude. Vraiment, c'est un air qu'on lui connaît peu. Qu'on ne lui connaît plus. « Icare, vraiment ? » De la colère, c'est de la colère ? Un peu, ça filtre à peine dans ses mots. Mais il a du mal à la regarder dans les yeux. Et Lazlo ne fait pas ça. Il ignore toujours ce qui l'anime, là, dans le ventre. C'est simplement toutes ces syllabes qu'il vomit sans plus pouvoir s'arrêter : « Après tout ce qu'il s'est passé ?... après ce qu'ils m'ont fait, ce qu'ils ont fait aux autres ? vraiment ? tu descends ici ? » Il n'a pas pris le temps, la peine, de reprendre son souffle, alors ça lui cisaille, un peu, les poumons, sous les côtes. « Va-t'en, qu'il fait avec précipitation. Remonte. Va-t'en. »


Dernière édition par Lazlo Horvath le 07.11.14 13:36, édité 1 fois
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Nür al-Sahid
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MessageSujet: Re: ces étiquettes qui ne s'arrachent pas ▬ Lazlo   ces étiquettes qui ne s'arrachent pas ▬ Lazlo Empty30.10.14 20:42

C’est l’agacement dans l’air, que Nür rencontre. Et vite, vite, son sourire se fait timide, alors qu’elle étudie les mimiques du hongrois. Elle ne connaissait pas assez Lazlo pour le juger, mais quelque part, avoir un compagnon d’infortune rapproche. Et elle reconnait qu’il y a un détail qui dérange l’ancien soldat. Alors, à son tour, l’émirienne plissa le front, penchant faiblement la tête sur le côté. Il est distant et quelque part, Nür se dit que c’est normal. Elle n’a pas subi les mêmes injustices que Lazlo. Elle n’a pas fini dans ce trou à rat, elle n’a pas subi la justice aveugle. Elle a su anticiper ce qui lui arriverait et elle avait réussi à se faire belle, pour éviter les punitions. Et elle n’en n’avait aucun honte, d’avoir baissé la tête aux moments opportuns, pour avoir une place dans les petites mains de la flotte. C’était là où elle se sentait à la place, à courir entre les couloirs trop froids, se perdre dans des kilomètres de câbles. Si elle n’avait pas sa personnalité, elle ressemblerait à ces automatiques qui se tuent à la tâche. Elle, elle survivait à sa tâche. Elle ne prenait pas ces réparations comme son boulot. C’était sa vie, à présent. Rien d’autre.

Elle crut qu’il allait partir, elle le voyait déjà disparaitre dans la masse humaine. Mais non, ce ne fut qu’une tromperie de sa part et bientôt, Lazlo revenait, sa froideur dissipée sous cette audace brulante. Nür se mordit la langue, sentit une boule d’angoisse se former dans son ventre, comme une petite fille prête à se faire gronder. « Icare, vraiment ? » Elle posa une main sur sa hanche, serrant la clé à molette qu’elle n’avait pas encore rangée. Elle haussa un sourcil, encaissant l’accusation. Qu’il ne vienne pas faire semblant d’être indigné. Lui aussi s’était pavané dans les rangs de la corporation. Qu’est-ce qu’il lui reprochait ? De travailler au bon soin du vaisseau ? De continuer de porter les vêtements qui trainaient dans tout le vaisseau. Son attention s’aiguisa. Nür s’était attendue à tellement plus de Lazlo. « Après tout ce qu'il s'est passé ?... après ce qu'ils m'ont fait, ce qu'ils ont fait aux autres ? vraiment ? tu descends ici ? » L’homme avait le don de s’approprier l’espace, les souffrances. Ses pupilles se rétrécirent, tandis qu’elle suivait Lazlo du regard, qui lui, ne cherchait qu’à la fuir. Elle aurait dû se sentir affectée par la mince rancune de l’atride, mais ça ne la touchait pas, elle n’arrivait pas à s’identifier à ce qui secouait le pseudo-criminel.

Oui, elle comprenait la colère envers Icare. Elle-même la portait, dans toutes ses tripes, et n’hésitait pas à la cracher à qui de droit. Mais Lazlo devrait savoir. « Va-t'en. Remonte. Va-t'en. » Nür ne peut empêcher le sourire acide de lui mordre les lèvres, alors qu’elle change de point d’appui, et qu’elle capture les reflets bleus des yeux de l’homme. « Tu crois vraiment à ça ? » C’est son tour de cracher, et Nür cracha, son accent arabe accentuant l’agressivité latente de sa phrase. Elle eut un mouvement de tête vers Lazlo, puis vers l’ensemble du cargo dans lequel ils se trouvaient, désignant le groupe d’individus, qui vaquaient. « Ce n’est pas parce que je porte une combinaison avec leur nom que je suis toujours pour eux, ou avec eux. » Elle fit un pas vers lui, comblant la distance, amenant la tension à un paroxysme plus élevé. Si le verdict du jugement de Lazlo était vrai, il la planterait surement. Mais elle croyait à plus que ça. Elle respectait le bon sens de l’homme. Tout du moins, par le passé. A présent, c’était le temps de la mise à niveau. « Tu devrais le savoir mieux que quiconque, qu’il n’y a pas de retour en arrière, pour ce genre de position. » Aucun des deux ne jugerait allégeance à Icare, car la corporation c’était bel et bien brulé les ailes, et ils étaient si peu à croire encore à ceux qui se rattachaient à Icare.  

Elle inspira lentement, laissant la puanteur du district souterrain lui remplir les poumons, savourant la sueur et la pauvreté des lieux. Nür tapa du pied, sentant les vibrations qui parcoururent le métal. « Alors non, je ne partirai pas. Je ne suis pas ici pour vous tous. » Son bras se leva, pointant la cloison percée de la bouche de ventilation, celle là-même qu’elle avait faite dégager. « Je suis là pour ce vaisseau. Tu ne m’empêcheras pas de le réparer. Tu ne veux pas m’en empêcher. » Son regard brilla d’une lueur de défiance. « Parce que tu ne sais pas ce qui arrivera si je ne le fais pas. Moi bien. »


Dernière édition par Nür al-Sahid le 08.11.14 13:31, édité 1 fois
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Lazlo Horvath
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MessageSujet: Re: ces étiquettes qui ne s'arrachent pas ▬ Lazlo   ces étiquettes qui ne s'arrachent pas ▬ Lazlo Empty07.11.14 13:37

Il creuse, les mains en sang, dans les émotions qui lui secouent le ventre. Il cherche un mot, un seul, pour définir ce qu'il ressent – c'est vague, et c'est fugace, ça se disperse entre son foie et le reste de ses tripes. Il ne parvient pas à saisir ces éclats qui le lacèrent de l'intérieur, que cette vue anime sous sa peau pâle. Il n'y a qu'elle, et son sourire qui s'efface – Lazlo s'en félicite, il ne veut pas qu'elle soit heureuse de le voir bel et bien vivant. Elle n'en a aucun droit. Pas le moindre. Alors, d'abord, elle ne comprend rien au spectacle qu'il lui fait. Puis elle prend cet air souple de réprobation. Bientôt, c'est tout son visage qui l'exalte. Elle lui crache au visage, cette rancune qu'il lui tient. Il la déteste, un peu, de le renvoyer, si promptement et joliment, au ridicule de ses sentiments. Ils sont légitimes, ils sont bâtards ; sa colère se dirige contre tout et tout le monde, et cette colère, en définitive, ne lui sert jamais à rien.
Lorsque la lippe de l'ingénieur s'écorche d'un rictus, Lazlo s'imagine la frapper. Il pourrait la battre, la battre à mort, écorcher ce visage qui le renvoie à ses heures sombres. Mais elle est belle, l'émirienne. Ses traits sont doux, plaisants pour qui daigne y poser les yeux. Elle n'est pas comme ces hommes, ces brutes, qui jonchent les souterrains, la gueule balafrée par leurs crimes. Nür a été savamment épargnée, y compris par Lazlo - qui s'en souvient soudain. Et cela fait deux fois, maintenant. Aussi, quand elle s'approche de lui, quand elle brise cet espace qu'il se réserve toujours, il tangue sans plier. Il ne dit rien, et n'en fait pas davantage. Il l'écoute simplement, le regard pour la dévorer. Il faudrait qu'elle se taise, probablement, mais, puisqu'elle a raison, elle n'en fait rien. « Non, je ne partirai pas. » Le hongrois ne cille pas, même si son cœur lui lance comme un signe de rejet lorsqu'elle lève le bras en direction de la ventilation. « Je suis là pour ce vaisseau. Tu ne m’empêcheras pas de le réparer. Tu ne veux pas m’en empêcher. » Il fait non de la tête. Et, même si c'est imperceptible, elle le verra. Elle le voit déjà, s'écarter, libérer cette proximité qui le dérange. Elle a son devoir pour elle – celui qu'il se connaissait et qui s'est cependant éteint.

Il a reculé contre la paroi. Et il l'observe, sans plus l'intention de disparaître. Lazlo ne sait pas pourquoi, pourquoi cette fille s'accroche à ce qu'il lui reste de son âme, pourquoi elle est demeurée tout son temps dans son être. Il se souvient avec angoisse de chaque détail qui la rattache à lui. Ce qu'ils ont vécu. Ce qu'ils ont partagé. Des moments arrachés à une époque, en vérité, si proche. Ce n'était sûrement que lui, et son acharnement à effacer les images du passé. Être capable de se remémorer, de tout, dans l'état exact où les choses se trouvaient, c'est risquer d'être happé par la mélancolie, et s'enfoncer, encore, dans les affres qui le rongent. Chaque fois que le hongrois s'autorise à songer à tout ce qu'il était, auparavant, il lui semble soudain qu'il est près de se noyer. Ses douleurs se précipiteraient probablement pour le vaincre et le submerger – il abandonnerait ses miettes de courage et, surtout, cette lueur, unique, qui lui commande de survivre. C'est tout ce qu'est cette fille : ce fracas entre ses tempes, qui pourrait aussi bien le révéler que le tuer. Il s'en retourne alors au grand état qu'il déteste, incapable de départager, incapable de choisir, et néanmoins obligé de le faire bientôt. Alors, la gorge sèche pour ravagée ses mots, il dit seulement : « Je suis heureux, aussi, que tu ne sois pas morte. » Il hoche, un peu, du menton, comme pour se le confirmer. Et c'est à peu près tout ce qu'il fait. C'est à peu près tout, en définitive, ce dont il se sent vraiment capable pour le moment.
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Nür al-Sahid
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MessageSujet: Re: ces étiquettes qui ne s'arrachent pas ▬ Lazlo   ces étiquettes qui ne s'arrachent pas ▬ Lazlo Empty09.11.14 10:11

Nür n’a pas peur de soutenir le regard de Lazlo, car elle ignore, et cette ignorance est une force, pour le moment présent. Elle n’a aucune connaissance du grade imaginaire que le hongrois a obtenu, dans ce recoin de malheurs et de criminalités. Elle ne sait pas qu’il est un bourreau terrible. Et quand bien même, quand bien même ces rumeurs seraient vraies, qu’il soit un tueur sans remords, froid et méticuleux, elle ne pourrait jamais enlever au visage de Lazlo cette humanité dont il a fait preuve, alors qu’il aurait été mille fois plus simple de suivre les ordres. L’émirienne, oui, ne peut faire d’autre, de considérer l’homme qui se tient en face d’elle, comme un petit sauveur, et un homme, qui un jour, avait eu une morale. Si ce n’est plus le cas aujourd’hui, dans la fin de l’humanité, elle y fait la sourde oreille. C’est son choix, de s’attacher à une étiquette qui n’existe peut-être plus. C’est son choix d’y croire. Parce que, sans espoir, ils seraient tous perdus, dans l’espace. Alors que sa dernière injonction fait encore vibrer l’air, Nür n’a rien perdu de sa superbe, tandis qu’elle tient tête à Lazlo, et qu’elle attende, qu’il réplique, qu’il l’envoie chier, qu’il cède. Et elle ne peut retenir ce sourire heureux, quand il secoue imperceptiblement la tête. Elle est trop proche pour ne pas le voir, ou le rater. Parce que, sur ces quelques secondes, Lazlo était le centre du monde.

Il se recula. Nür se détendit, relâcha, sans le savoir, la lourde clé à molette, qu’elle avait serré de ses doigts usés, jusqu’à ce que sa peau devienne blanche, que la douleur remonte, un peu, dans l’articulation. « Bien, puisque j’ai l’autorisation de monsieur. » Ajoute-elle, taquine. Oh, elle ne devrait pas. Mais nous n’enlèverons pas le naturel de l’ingénieur. Encore une fois, elle ignore la terrible réputation de l’ancien chien d’Icare. Pour elle, ce n’est pas un Atride, terrible, qui se tient là. Ce n’est que Lazlo, compagnon d’arme, compagnon de misère, d’un temps oublié, révolu. Nür s’accroupit sur le sol, pour ramasser sa boite à outil, toujours renversée. Elle y rangea la clé, et les quelques pièces et autres, qui s’étaient échappés, le tout tranquille, sa concentration revenant, grignotant petit à petit l’espace de son visage. Elle oublia, l’espace de quelques secondes, la présence de Lazlo, tandis que son regard sombre se posait sur la bouche d'aération, qui était finalement dégagé. Distraite dans sa réflexion, elle passa une main sur son épaule, rougie sous le tissu. Elle tenterait bien de dégoter un baume apaisant, en pharmacie, plus tard, plus haut. Mais elle doutait, du haut de son réalisme teinté de gris, qu’elle en obtienne. Son bras bougeait parfaitement. Elle n’aurait qu’à serrer les dents, un temps.

« Je suis heureux, aussi, que tu ne sois pas morte. » Nür manqua de perdre son tournevis, leva les yeux vers Lazlo, qui avait fini par dire quelques mots. Ça lui arracha un autre sourire. Ah ben, finalement, monsieur se souvenait d’elle, et ne la considérait plus comme une idiote lambda. Elle se redressa, tout en haussant les épaules. Oui, elle aurait pu crever, à un moment, à un autre. L’idée, en fait, ne lui avait jamais traversé l’esprit. Que quelqu’un puisse se soucier qu’elle soit vivante, ou non. Elle n’avait plus rien qui la rattachait à sa vie d’avant, elle n’avait plus rien, qui la rattachait aux autres. Puis y avait Lazlo, perdu entre les deux. Qu’elle ne connaissait pas tout à fait d’avant, mais qui faisait partie, néanmoins, des personnes qu’elle connaissait depuis le plus longtemps. Ironique, en songeant, qu’au final, elle ne savait rien à son sujet. Il restait une marque, floue, dans son passé. Qui, vraisemblablement, avait envisagé son décès, d’une manière ou d’une autre. Et même si ça ne pouvait qu’être un retour de politesse, cette idée tournait, dans les méninges de Nür. « Ca je le dois en partie à toi. » Pour en pas avoir tiré sur ces pauvres civils, dont elle faisait partie. Pour avoir pris le blâme, que tout autre aurait pu se prendre dans la gueule. « Donc, merci. Encore. » Son front se plissa, un instant, songeuse. « Mais s’il-te-plait, fais en sorte que ça ne soit pas une habitude, que tu me sauves toujours. » Nür lui offrit son sourire bon enfant, alors qu’elle lui tournait le dos, pour dévisser la plaque de la bouche d’aération. « J’aimerai arrêter de m’attirer des problèmes. » Mais fallait croire qu’elle était un aimant à saloperies, depuis quelques années. Une chute de météorites, un kidnapping, une guerre civile. Elle avait eu plus qu’assez pour une vie. A laquelle elle ne cessait de s’accrocher, chienne de la survie.
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MessageSujet: Re: ces étiquettes qui ne s'arrachent pas ▬ Lazlo   ces étiquettes qui ne s'arrachent pas ▬ Lazlo Empty09.11.14 12:52

Alors que l'accès du couloir avait été libéré par presque tout le monde, vous entendez des bruits de pas très lourds approchés. Au bout du couloir, vous apercevez quelqu'un qui était dans la foule un peu plus tôt vous montrer du doigt à un groupe. Pendant quelques secondes, vous ne savez pas si il s'agit de soldats du Cerberus ou de simples civils armés. Leurs uniformes sont sombres mais aucune marque d'un quelconque grade n'est visible. Ils n'ont pas l'air particulièrement prêt à en découdre en fait. Ils n'ont pas l'air agressifs. Ils ne semblent pas armés mais leurs vêtements militarisés pourraient bien cacher quelque chose. Ils s'approchent de vous. L'un d'eux se détache du groupe. « On va vous demander de vous écarter quelques minutes s'il vous plaît. Ca ne prendra pas beaucoup de temps. » Poli et courtois, vous pouvez voir à présent sur son visage une cicatrice allant de son oreille droite jusqu'à la base de son cou. Il ne semble pas vous menacer ou vous vouloir utiliser la force. Le jeune homme qui a, apparemment, été les chercher, observe la scène de loin, il a l'air inquiet.
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